Pendant le week-end, le corps s’est encore agité. Il convulse et exsude, a des crampes, des renvois, alterne remontées acides et flatulences. Les convalescences s’accompagnent souvent de ce genre de signes cliniques. « Ce n’est pas forcément agréable, mais c’est le bon signe que la mécanique se remet en marche », diraient les bons docteurs Knock, Diafoirus ou Maboul. Alors que les croque-morts pressés d’aller aux funérailles continuent de danser autour du malade en agitant les 1,7% de la présidentielle, les signes de la guérison prochaine continuent pourtant de s’accumuler. Aussi en sommes-nous désormais à ce stade où chaque pet, aussi sonore soit-il, peut être accueilli avec un bon rire de soulagement. Ah, il pète, voyez comme il va mieux!
Le dernier en date a été lâché ce week-end dans le magazine Le Point par Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin et candidate déclarée à la direction du Parti socialiste. Même s’il faut se méfier des effets dont usent les journaux qui n’hésitent pas à extraire des petits bouts de phrase pour en faire des arguments de vente explosifs, elle n’en a pas moins affirmé que depuis le quinquennat de François Hollande, le PS avait « cessé de réfléchir aux enjeux de la société » et qu’il n’était ni plus ni moins qu’en train de « s’éteindre intellectuellement ». Ha ha! Maintenant que cette perle est lâchée, nous voilà soulagés! Passons sur les affirmations loufoques et vides de sens — « Nos marqueurs socialistes sont les territoires et la démocratie, c’est cela que nous devons vivifier ». Passons aussi sur les contrevérités comme celles consistant à dire que le PS « ne parle pas des préoccupations des gens » ou qu’il s’est effacé de la scène nationale au moment même où il y fait un retour de plus en plus remarqué. Dézinguer publiquement son propre parti quand on a l’objectif d’en prendre les rênes n’est pas le meilleur signe à envoyer aux militants. Faire des sauts de cabri en annonçant vouloir « changer d’orientation » (mais sans indiquer clairement le nouveau cap), en appeler à « un projet » sans en donner la moindre ligne, se contenter de formules vagues, dire ne pas vouloir se contenter de faire de grandes phrases, tout en faisant de grandes phrases… Effectivement, on se dit qu’il valait mieux que ça sorte, et plutôt dans un magazine de droite qui ne s’est pas privé de mettre « la bonne cliente » en majesté.
Un autre sujet futile a agité la twittosphère ce week-end: l’interview de ce bon François Hollande dans l’émission de Léa Salamé « Quelle époque! », un genre de rendez-vous médiatique où, sous couvert « d’impertinence », on pratique ouvertement l’entre-soi, où l’on « fait salon » en échangeant bons mots, vacheries calculées, cajoleries et tapes dans le dos. On se demande comment il se fait qu’une « journaliste » comme Léa Salamé, censément dotée d’un quotient intellectuel supérieur à la moyenne, ne perçoive pas le ridicule de la situation qu’elle créée elle-même en multipliant les minauderies et les affectations de courtisane. François Hollande est aux anges. Rose et rond comme un loukoum, aimable et drôle (sympathique, donc), l’oeil qui frise devant l’intervieweuse, il déclenche des brames d’amour poussés par un Christophe Dechavanne extatique, et repris par une Caroline Fourest qui a manifestement oublié qu’elle avait une réputation de féroce à entretenir. Sur Twitter, la sphère hollandiste pousse des râles d’amour. C’est drôle. Un peu obscène aussi. On se repasse les meilleurs moments. On ne retient évidemment que les séquences légères, rien des sujets (un peu) sérieux comme l’inflation, l’indexation des salaires, la guerre, qui ont pu être évoqués entre deux blagounettes. « Quelle époque! », le titre même de l’émission sent la dérision. Tout cela est dérisoire en effet.
Sinon, pour ce qui est des sujets sérieux de la semaine, Olivier Faure descend dans le Sud-Ouest. Il a notamment prévu de s’arrêter ce mercredi à Moissac, riante cité de Tarn-et-Garonne, perdue en 2014 par le Parti socialiste au profit de l’UMP, puis, en 2020, du Rassemblement national… Une terre à reconquérir. Un sujet sérieux, donc. L’après-midi, il sera à Auch où les militants, les sympathisants et tous ceux qui le souhaitent pourront le rencontrer. Chacun pourra faire le constat de ce que le Parti socialiste soi-disant subclaquant est plutôt en phase de rémission avancée, qu’il n’est pas « intellectuellement diminué », qu’il revient en force sur le terrain des idées, qu’il est suffisamment fort pour tenir son rang et qu’au vrai, n’en déplaise à ceux qui le voudraient un peu plus à genoux pour pouvoir mieux en prendre les rênes, il n’a rien perdu de ses ambitions. Si vous êtes dans le coin, venez donc faire un tour.
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Les élucubrations de l’ex TOA porté par la camarade H. Geoffroy laissent pantois. Le positionnement est illisible. Ils raillent la NUPES tout en faisant un pas de côté lorsqu’on leur parle des 1,7 % et du quinquennat de François.
Ces gens-là souhaiteraient ils revivifier une social-démocratie inopérante en ces temps troublés ? La radicalité porteuse d’espoir leur est étrangère, à croire qu’ils ne vivent pas dans le même pays, dans la même Europe.
Il n’y a pas d’espace pour leur positionnement politique, le trou noir LREM aspire tout ce qui ressemble à du rose fade ou du rose pâle.
Le PS version Faure intéresse des électeurs LFI et au-delà (soit un tiers de notre ancien électorat soit dit en passant) qui en a peut-être un peu marre des ficelles insoumises et de la stratégie du beuglement permanent (camarade Ruffin l’a compris avant les autres insoumis).
Revenons donc aux proposés structurés et mesurés, aux propositions claires et teintées de radicalité (sur l’environnement, sur les salaires, le travail, les services publics mais également au-delà, sur le projet de société global).
Les gens aspirent à moins d’inégalités et plus d’égalitarisme, surtout salarial et social. Le peuple de gauche semble percevoir que l’orientation politique actuelle du PS est la bonne , ce serait dommage qu’un congrès viennent tout gâcher….
LREM se veut le point d’équilibre de la politique française (attention au mouvement pendulaire néanmoins car cela penche à droite !). Sous la Veme, l’équilibre voulait que l’alternance politique du pays se fasse en cycles binaires, la montée en puissance du RN offre une troisième possibilité, celle du pire. Renforcer alors le poids de la gauche était une bonne solution tactique (bien qu’elle ne règle rien aux différences de fond, notamment sur l’Europe et la laïcité) mais cela reste bien fragile. Le PS peut et doit redevenir une force de progrès de gauche (pas de centre gauche tiède !). Je ne crois pas en Geoffroy ou en Delga voire Hidalgo pour incarner le renouveau de la gauche conquérante mais apaisée.
Alors comme dirait JLM en conclusion d’un de ses discours dont il a le secret : « Haut les cœurs, ardents à la lutte, tous nous allons faire avancer une nouvelle fois le fanal de combat qui rend la France à son peuple ! »