Gagner! Le socialisme de combat est de retour
Gagner! Le socialisme de combat est de retour

Gagner! Le socialisme de combat est de retour

ll y a quelque chose d’extrêmement réjouissant dans le texte publié hier et signé par les soutiens d’Olivier Faure: ce quelque chose est ce que l’on pourrait qualifier de « retour à la clarté ». Dans une langue sans ambiguïté, sans double sens, ce message remet toutes les pendules à l’heure: les socialistes sont de retour avec la ferme intention de gouverner à nouveau, non pas pour gérer, mais pour transformer le monde.

Gagner! Non pas « reconstruire », ni « refonder », mais juste « gagner ». Un seul petit verbe de cinq lettres et un point d’exclamation suffisent à résumer ce que doit être, finalement, l’ambition de tout parti qui se respecte. Finies les crises de larmes, les gesticulations en tous sens et les cris d’orfraie au moindre signe de radicalité. Finies les formules culpabilisantes, les sous-entendus accusatoires, les procès en héritage et légitimité, les chasses aux sorcières et les fumeuses leçons de courage à tout-va. Regardons devant nous et allons droit au but. Que voulons-nous? Gagner! C’est simple, c’est clair, ça n’est pas discutable. Ce n’est pas une injonction, ni une incantation, mais une affirmation, un cri de guerre et de ralliement en même temps que l’expression d’une urgence.

Alors que ces derniers mois des sommets ont été franchis dans l’art de semer le trouble et la confusion dans les esprits (de gauche), il devenait urgent d’enclencher les aspirateurs à fumée et de rallumer la lumière. Que veulent nos concitoyens? « Que nous réapprenions à les écouter et que nous sachions leur parler », mais aussi « que nous sachions nous repenser, nous renouveler et apporter des réponses radicales à des urgences radicales ». Les outils? Nous les avons. Le véhicule? Nous l’avons aussi. Il n’y a rien à reconstruire, rien à refonder, il suffit de reprendre le volant et d’écraser l’accélérateur.

Ce mot de « radicalité » tant de fois agité pour diffamer et effrayer est ici employé à dessein, en pleine conscience, et sans en dévoyer le sens profond qui fait référence à tout ce qui fait racine en nous. L’une des choses qui fait notamment racine en nous, c’est cette volonté de transformation sociale avec laquelle nous devons renouer sans trembler. Cette volonté de transformation, nous devons aussi nous l’appliquer à nous-mêmes, afin de nous « réinventer radicalement », c’est-à-dire, en refaisant racine dans un monde fondamentalement différent de celui dans lequel le socialisme est né, et de celui dans lequel beaucoup d’entre nous sont nés également. Le texte qui nous est proposé ici a le bon goût d’expliciter l’expression « gauche de gouvernement », tant de fois assenée pour fracturer qu’elle avait fini par prendre un sens on ne peut plus douteux. « La gauche de gouvernement ne peut être que celle qui assume la transformation sociale. Gouverner n’est pas un objectif en soi, mais le moyen de modifier le cours de l’histoire. » Tous ceux qui pensent que nous n’avons d’autre choix que de naviguer au mieux dans le cours de l’histoire telle qu’elle continue de s’écrire aujourd’hui sont nos ennemis.

Autre point fondamental: la question de l’union et de l’unité de la gauche fort bien posée ici. Il est bien et juste de rappeler que « jamais, absolument jamais, la gauche n’est arrivée au pouvoir sans être (plus ou moins) unie ». Front populaire, Programme commun, Gauche plurielle et aujourd’hui Nouvelle Union populaire, écologique et sociale procèdent des mêmes intentions de rassembler ce qui est épars. L’usage de l’acronyme de cette « Nouvelle Union populaire, écologique et sociale » a eu un effet désastreux. D’abord parce que ce mot « Nupes » dont on ne sait jamais trop s’il faut prononcer le « s » a été rapidement chargé par des forces malveillantes d’un sens, d’une signification, qui n’existe pas dans sa forme développée. Le mot rapidement surchargé d’affects négatifs est devenu synonyme de contestation brouillonne, a été associé à des comportements brutaux, s’est retrouvé repeint aux couleurs de la compromission. Surtout, il est utilisé à très mauvais escient, par facilité pour certains (dont une très longue cohorte de journalistes fainéants), par malveillance pour d’autres, afin de faire advenir une parole qui n’a pas d’existence réelle mais dont on a absolument besoin pour pouvoir la démolir. Car il n’y a pas une « parole Nupes », une « voix Nupes », mais des paroles et des voix LFI, PC, PS, EELV, qui s’accordent ou tentent de s’accorder au sein d’un espace de dialogue qui s’appelle la Nupes, dans lequel, faut-il le rappeler, il n’y a pas de chef, donc pas de soumission ni de contrainte.

C’est là qu’apparaît la faille dans le discours des tenants, au sein du Parti socialiste, d’une série de « refondations » qui semblent bien plus motivées par un esprit de conservation que par une volonté de tranformation. Que nous disent nos camarades « refondateurs »1 qui brandissent l’épouvantail Mélenchon chaque fois qu’ils veulent justifier leur position acrobatique, à la fois anti-Nupes tout en reconnaissant que la Nupes était nécessaire? Qu’ils sont eux aussi, bien sûr, pour l’union de la gauche, mais à la seule condition qu’ils aient l’assurance d’en être la force dominante. Or, lorsqu’on se dit pour l’union, et si l’on est un tant soit peu adepte de ce qu’on appelle une parole de vérité, on ne peut poser ce genre de préalable qui vous disqualifie d’emblée. Si on est pour l’union, on s’unit sans condition et sans attendre. Et si on a l’ambition du leadership, on y travaille dans le collectif, et dans le collectif, on gagne ses galons. C’est de cette manière que l’on peut espérer regagner auprès de nos concitoyens ce crédit qui nous a tant fait défaut ces derniers temps. Et c’est cette manière qu’a adopté depuis le début Olivier Faure avec une efficacité vérifiable — ne serait-ce qu’en observant le travail du groupe des élus socialistes à l’Assemblée nationale —, donc incontestable.

Le texte qui nous est proposé ici a l’immense mérite de tracer une ligne et d’indiquer une direction claire. Tout reste évidemment à écrire, à construire, à travailler et à débattre. Mais avec une telle boussole, on court moins le risque de se perdre. Pour être crédibles, nous devons nous mettre au travail et débattre des questions dont notre époque est assaillie. Ce « temps de travail », nous devons le prendre sur le temps passé à nous déchirer pour savoir qui d’entre nous serait le « vrai socialiste » ou le « vrai social-démocrate ». Plus le temps passe et plus les motivations de celles et ceux qui désormais ne se cachent même plus pour dire qu’il faut abattre Olivier Faure apparaissent au grand jour. Car pour quels motifs, sinon inavouables, voudrait-on abattre celui qui, contre vents et marées, nous a permis de traverser la tempête tout en conservant le cap? Soyons sérieux. Travaillons, et puis gagnons!

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